2022, je ne te regretterai pas

Laissez-moi vous raconter l’histoire d’une année qui avait pourtant si bien commencé…

Début janvier, j’ai encore des étoiles dans les yeux après mon superbe court voyage à Tromso, à la rencontre des orques et des aurores boréales. Je me lance aussi un nouveau défi, façon « gourmande solitaire ». M’offrir un joli moment avec un lunch dans un restaurant gastronomique. Le premier est un restaurant japonais et il se passe très bien. J’y retourne d’ailleurs fin de cette semaine. Je sens que j’ai besoin de changement. J’ai besoin que tout ne reste pas figé, comme c’est un peu la cas depuis ma séparation.

Alors début février je commence à faire germer l’idée de redécorer ma maison, en commençant par la chambre, et en me faisant aider et guider par une talentueuse décoratrice d’intérieur. J’apprends à gérer seule : trouver un chauffagiste pour l’entretien de la chaudière (galère), peindre moi-même toute seule la chambre. Commander le lit. Ça a l’air d’aller.

En mars, je refais le coup de la Gourmande Solitaire dans un resto qui a été un vrai coup de coeur. Je serai attristée d’apprendre un mois plus tard qu’il ferme. Je m’offre un petit massage en institut, pas terrible car il y a des travaux dans la maison d’à côté. Je termine de peindre la chambre. Je suis toujours mon cours de japonais. Tout va bien. Je teste de nouveau un resto, pourquoi si près en temps du premier? Mystère. Mais je vais le payer cher. Pas en prix, non. J’ai été tellement dégoûtée par l’accueil super guindé, jugeant, supérieur, de ce resto dans le quartier du sablon (avec ses petits bols, pour ceux qui connaissent), que non seulement je suis ressortie de là mal, car je me suis sentie « pas à ma place », mais que je n’ai plus osé tenter les restos gastronomiques format lunch en solo depuis. Je profite de mon jardin, je lis, et fin du mois je me rends à un anniversaire. Où je pense avoir fait une rencontre. Peut-être. Ou pas finalement. Aïe, l’égo a un peu mal. Mais je ne lâche rien, j’avance.

En avril, les jours s’écoulent. Je suis partie pour un court séjour de nouveau, sur l’île de Minorque. La mer et le soleil m’ont fait beaucoup de bien. Je pars dans un appart-hôtel, plus classique. Le restaurant n’accueille que des familles et des couples. J’essaie de ne pas y penser. Les travaux dans la chambre continuent. Je suis contente d’avoir trouvé un bon menuisier, qui installera aussi plusieurs portes en bas.

Mai passe comme un souffle. Je vais à un festival de street food, je teste des recettes à la maison, je profite du soleil au jardin avec les animaux.

En juin, j’ai attrapé le covid, et j’ai passé mon anniversaire avec juste ma famille. J’ai du vite partir pour rentrer dormir car j’étais encore fort fatiguée. Et ça a été un coup de massue. Pourtant j’ai fait un ou deux restos avec un ami ou l’autre. Mais j’ai perdu la bonne vision des choses : plutôt que de voir le dîner avec la famille, les moments partagés, je voyais juste le temps qui s’était écoulé depuis ma séparation : j’avais juste eu le temps de cligner des yeux, on était un an plus tard, et rien n’avait changé. Je n’avais fait qu’une rencontre, qui n’en étais pas une. J’ai essayé de chasser ces pensées, mais elles se sont frayé un chemin petit à petit.

Juillet et août ont été deux mois difficiles. Cinq vagues de chaleur, une annulation de voyage à cause des grèves Ryanair (le plus beau est que mon vol retour n’aura finalement pas été impacté – tout ça pour ça). Une impression de solitude immense (je verrai peu de gens), des tentatives pour bouger qui tombent systématiquement à l’eau. Je prends rendez-vous avec une voyante, pour le fun. C’est sympa, sans plus. Je me réinscris deux heures sur un site de rencontres : je discuterai avec un gars hyper contrôlant, je me sentirai en décalage avec ces nouveaux fonctionnements, ces gens qui ne remplissent plus leurs profils… Je pars quelques jours à Saint-Malo. Je commence des migraines de tension qui handicapent mon séjour. Je passe une très bonne soirée dans un bar, me fait accoster par un gars à la plage – et rien. Je ne ressens rien, même pas l’envie de le ramener à mon hôtel. Je m’inquiète vraiment de ne plus rien ressentir. C’est quand la dernière fois que j’ai été emballée par quelqu’un?

Début septembre, j’ai une prise de conscience : pour la première fois de ma vie, j’ai honte de ma vie. Du style de vie que je mène. Je me rends compte que je ne profite plus de rien, je vis dans l’attente. Dans l’attente de quelque chose ou quelqu’un qui changerait ma vie. En attendant, j’avais à ce moment là juste l’impression d’être seule, de ne pas avoir de vie…rien en fait. Je décide alors que ça doit changer. Je m’inscris à d’autres activités, finalement trois soirs par semaine je ne serai plus chez moi. En même temps, je vais avoir un suivi médical pour mes migraines, qui va durer deux mois. Et c’est là, exactement là, que la fissure s’est insinuée pour mieux grandir.

Trois choses vont se superposer coup sur coup : je vais tomber sur quelqu’un de très exubérant pour mon suivi. Tendancieux, et se masturbant sans doute l’égo à mes dépends. Bref, le gars joue flou. Parfois je me demande ce qu’il me veut. J’essaie de garder mes distances, mais c’est vrai. Quelque part il me plaît un peu, et je sens se réveiller ce que je croyais éteint : l’intérêt pour quelqu’un. En même temps, je consulte une autre voyante. Pourquoi? car je l’ai déjà consultée en décembre, et je découvre qu’une de ses prédictions improbables s’est vraiment réalisée (toutes les autres non). Et elle me prédit quoi? Que le gars que je vais rencontrer, et bien…ressemble trait pour trait au gars de mon suivi médical. Attention, c’est moi qui interprète ce qu’elle a dit, mais c’est frappant. Je tenterai de la contacter à ce sujet mais depuis…le site à fermé (bizarre, vous avez dit bizarre? ). Et enfin, je pensais m’être fait une nouvelle amie via un cours de danse, et malheureusement non. J’ai vraiment déchanté. Pour tout. Car tout est arrivé en même temps sur un mois et demi. Et je me rends compte que je voulais tellement que ma vie change, que moi aussi je fasse une rencontre (même si ça ne débouche sur rien), que j’ai enfin une amie avec qui sortir s’amuser (pour…qui sait, faire des rencontres?), tout, que je suis partie en roue libre. Je n’ai pas d’autres mots.

Le point final a été donné par ce gars, lorsqu’à la fin des rendez-vous médicaux, il m’a dit « je penserai à vous quand… ». Pas de « à bientôt j’espère », ou une autre formule laissant une porte ouverte. Non.

Et là le château de cartes s’est effondré. Dans ma tête.

Quelque part, j’étais revenue à mon point de départ. Rien n’avait changé. J’étais épuisée. A cause de ça, à cause du fait que j’ai eu des trucs de prévu tous les weekends quasi, en famille ou avec des amis, un concert, un atelier de danse, etc…

Mais dans ma tête, c’était la catastrophe. Rien n’allait changer, plus jamais. J’attendais quelque chose qui n’allait jamais m’arriver en fait.

Je me suis épuisée nerveusement. Oh, pas seulement à cause de ça. Le boulot aussi est une grande part, même si je n’en parle pas ici. Une partie à cause de remarques, toujours indirectes, sur ma situation, une autre car ça ne tourne pas bien. Là où il y a quelques années je m’étais dit que ce job était « en attendant de… », finalement je n’en délogeais pas. Ma vie était complètement figée. En tout point.

J’ai terminé 2022 en devant me reposer. En travaillant sur moi pour ne plus être en attente d’une autre vie. Pour profiter et savourer la mienne, telle qu’elle est actuellement. Ce n’est pas facile tous les jours. La prochaine grosse étape, c’est m’attaquer au boulot.

2023, je t’accueille à bras ouverts. Simplement parce que je n’attends rien de toi.

Un commentaire sur « 2022, je ne te regretterai pas »

  1. En fait, c’est cela… ne rien attendre de personne, on est (presque) toujours déçu !
    Je vous souhaite une belle nouvelle année pleine de belles et bonnes surprises !

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